Le vendredi 5 avril 1850, incendie de Lignéville, il y a 167 ans...
le récent double incendie survenu chez Pierre Messager, le samedi 30 décembre 2017 et lundi 1er janvier 2018, rappelle un autre événement survenu il y a 167 ans; tous les lignévillois ont entendu parler de cet incendie, qui est resté dans la mémoire populaire...
par Gilou Salvini
Il y a aux Archives départementales des Vosges plusieurs documents et les matrices cadastrales qu’il suffit de consulter pour recouper diverses informations, on peut retracer l'historique de ce terrible incendie, qui fut parmi les plus importants qu'on ai jamais connu de mémoire dans un village vosgien à cet époque.
En 1850, 42 incendies sont répertoriées dans les Vosges, parmi les plus importants, citons : celui de Russ qui à causé la destruction de 28 maisons pour 68.400 francs de dégâts, à Médonville c'est 12 maisons puis 8 maisons qui ont brûlé pour 54.768 francs de dégâts, à Dommartin-les-Vallois 6 maisons.
Mais celui de Lignéville qui eut lieu le vendredi 5 avril 1850 est déclaré le plus considérable, en effet c’est 30 maisons qui sont parties en fumée, ainsi que 3 autres qui trop endommagées durent être démolies par la suite. Le coût estimé du sinistre se chiffre par une perte financière de 114.430 francs, dont 88.630 ont été pris en charge par les assurances. Le village qui comptait 131 maisons à cette époque, venait d’en perdre 33 en un seul incendie.
Si la cause du feu reste imprécise, bien que chaque habitant à sa version, le constat de police déclare qu'il est attribué à l'imprévoyance. Il est difficile de trouver un coupable, on sait que l'incendie a débuté au niveau de l'impasse de la Cornée détruisant 4 maisons et en endommageant 1 autre, puis attisé par un vent violent, il s’est communiqué à 5 maisons voisines de la rue de Nancy en endommageant 2 autres, le brasier fut tellement intense, que le feu s’est ensuite propagé à 7 maisons de la Grande Ruelle, et 1 maison de la rue du Baudet, ce qui fait 20 bâtisses incendiées en tout sur le haut du village, en comptant les 3 maisons endommagées qui seront détruites par la suite. Mais les braises montées en hauteur, poussées par le vent d’ouest, ont été porté au dessus de la Grande Ruelle et se sont abattues sur les maisons des quartiers situés dans le bas du vallon sur les rives du ruisseau du Goteau, de nouveaux foyers se déclarèrent, 13 maisons furent réduites en cendres, dont 3 dans la rue de Vittel et 10 dans la rue de Derrière le Four.
On retrouva partout dans le village les essandres de bois carbonisées éparpillées par le vent, et aussi un peu partout dans les champs autour de Lignéville.
Parmi les pompiers qui sont venus porter secours aux incendiés, sont cités pour avoir subi de graves blessures : Mathieu de Remoncourt, Marchebois de Fresnois et Desbuisson de Contrexéville, malheureusement le contrexévillois Hyacinthe Sautré lui aussi blessé, décéde suite à ses blessures le lendemain du drame, comme en témoigne la stèle qui est contre la sacristie de l’église contrexévilloise. Le préfet leur a témoigné par des récompenses pécuniaires la satisfaction de l’administration.
Il faut croire que la leçon de ce drame n’a pas été retenue, puisque le 2 novembre 1850, 2 maisons de la rue de Derrière le Four, habitées par quatre ménages, furent la proie des flammes à cause du mauvais état d’une cheminée ; la perte a été estimée à 7.000 Francs. D’autres incendies seront encore signalés à Lignéville en 1854, 1856, 1861 et 1865.